Ian Fleming... photos du film

IAN FLEMING

L'écrivain lan Fleming, le papa de James Bond, eut bien de la chance Lorsqu'il mourut, en 1964, son héros, 007, était au sommet de la liste des best sellers avec plus de trente millions d'exemplaires vendus. Mieux encore, Ian Fleming, l'ex-barbouze reconvertie dans l'espionnage littéraire, quitta notre monde au moment où le mythe - récupéré par le cinéma - atteignait son apogée avec Goldfinger. Interprété par Sean Connery, bien sûr. Le seul, l'unique. Fleming n'aura pas connu ce calvaire : voir son héros " interprété " par l'insipide George Lazenby ou l'ineffable gravure de mode - rayon La Redoute pour cadres moyens qui doit s'appeler Roger Moore.
Chez Fleming, Bond est sadique, raciste, cruel. C'est un " narcissique phallique ", au sens où l'entend Wilhelm Reich. Ian Fleming a fait de lui une description définitive: " ... droit, dur et froid comme un couteau de boucher... , Un anti-héros, un Mister Hyde que Fleming ne prenait guère au sérieux, qui lui évita beaucoup de séances de psychanalyse et lui rapporta beaucoup plus d'argent.

LE CRÉATEUR D'UN MYTHE

A sa mort, en 1964, lan Fleming avait déjà vendu trente millions d'exemplaires de ses romans mettant en scène James Bond. Depuis, et malgré l'apparition de concurrents sérieux sur le marché, les Bond ne cessent d'être réédités, et aujourd'hui après sa naissance dans Casino Royale, le personnage est toujours aussi populaire. Grâce aux machines cinématographiques gigantesques qui le mettent en scène sans doute, et qui n'ont plus grand chose à voir avec l'univers de lan Fleming; mais, grâce aussi aux bandes dessinées, aux suites apocryphes, aux innombrables pastiches. Ce succès qui ne s'est jamais démenti pendant déjà un quart de siècle semble devoir assurer à James Bond une postérité longue et heureuse et à son créateur une immortalité littéraire dont il n'avait jamais osé rêver.

Qu'est-ce qui fait entrer un personnage dans la légende ? Bien difficile à dire. Fleming a eu ses détracteurs, mais aussi ses ardents défenseurs, dont les deux plus célèbres restent Raymond Chandler et le Président John F.Kennedy. On a écrit de Bond que c'était un super-héros mécanique, mais devant l'apparition des " killing machines" qui lu i ont succédé, on constate que le reproche n'était pas fondé. On a dit aussi qu'il était réactionnaire, et que son anti-communime primaire avait fait sa gloire ; mais Fleming se défendait avec virulence d'être anti-soviétique. On a affirmé enfin que c'était un héros raciste, les méchants étant toujours des " étrangers" ; mais dans l'esprit de Fleming, Bond était-il vraiment un héros ?

La revue Playboy expliquait le prodigieux succès de Fleming il y a quinze ans par son talent d'i innovateur L'astuce de l'écrivain étant d'avoir inventé les histoires les plus invraisemblables -voire les plus rêvées - dans un contexte méticuleusement réaliste et crédible. Avec la sortie de Moonraker sur les écrans, la question revient à l'actualité : les aventures de James Bond sont-elles des contes de fées modernes, et le personnage un héros du siècle à venir ? Ou bien sont-elles le signe précurseur de la décadence du roman d'espionnage qui a atteint son point le plus bas avec le sinistre SAS ?

Avatar ou renouvellement d'un genre ? lan Fleming lui-même n'a pas donné la réponse, et se contentait de dire : "Pour être créatif dans quelque domaine que ce soit, on doit être névrosé."